Lutte contre les changements climatiques : Pourquoi penser plus local que global ?

mluemsa Par Le 03/08/2025 à 06:22 0

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Éditorial

Si les pays riches doivent faire davantage d’efforts, notamment en termes de finances et de transfert de technologies, les membres des Nations Unies doivent aussi, selon les contextes qui correspondent à un ensemble de circonstances particulières, faire des efforts à leur niveau, et selon les moyens dont ils disposent, afin de mener une série d’actions bénéfiques tant au niveau local qu’international, car il y a des pays qui dépendent beaucoup plus des efforts entrepris par d’autres. Image : © Unicef/2024/Mary Guy Bandolo

Un instrument universel dédié à la lutte contre le changement climatique par des mesures d’atténuation et d’adaptation déclinées en actions et investissements pertinents dans le cadre de cette lutte.

C’est ainsi que l'actuel ministre de l’environnement, de la protection de la nature et du développement durable du Cameroun débute la préface du document de présentation du bilan de la mise en œuvre quinquennale de l'accord de Paris au Cameroun. Par la définition d’une nécessité impérieuse qui est la suite d’une initiative commune qui s'est tenue en 1995 à Berlin, afin d’évaluer les progrès entrepris dans la lutte contre les changements climatiques, et définir au fur et à mesure du temps, des nouveaux objectifs ensemble, parce que c’est un problème qui engage tout le monde.

Personne ne peut dire qu’il est à l’abri des effets générés par les changements climatiques. Tous les continents sont affectés, et ce n’est pas une vue de l’esprit. Les faits parlent d’eux-mêmes ; l’État du Tuvalu situé au Cœur de l'Océan Pacifique est menacé de disparition par la montée des eaux ; le rapport sur l’état du climat en Asie de 2023 publié par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) précisait qu’en 2023, de nombreux pays de la région Asie ont connus leur année la plus chaude, tout en précisant qu’entre 1961 et 1990, le taux de réchauffement dans cette partie du globe a presque doublée ; les incendies de forêts en Europe et en Amérique du Nord, et les zones agro-écologiques soudano-sahéliennes, côtières, et forestières, menacées par des inondations et des sècheresses au Cameroun, témoignent clairement du fait que la planète est menacée, et que personne n’est épargné.

Et même si tout le monde souffre des conséquences du réchauffement de la terre, ce sont les pays les plus pauvres de la planète qui souffrent le plus de cette situation critique qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui s’est plus intensifiée à la suite des révolutions industrielles de 1769 notamment avec la création de la première machine à vapeur de l'écossais James Watt, qui avait pour source d’énergie le charbon, et celle qui va de 1850 à 1914, et qui s’est caractérisée notamment par des innovations technologiques, et le développement de l’industrie chimique et pétrolière. C’est surtout à la suite de ces deux repères historiques majeurs que les pays ont commencé à prendre plus au sérieux la question du réchauffement de la terre car si les Hommes ont toujours pensé que toutes les ressources naturelles sont inépuisables, les résultats des recherches scientifiques ont démontrées le contraire, tout en certifiant que les changements de températures que nous observons à l’échelle du monde, sont en partie dus aux activités humaines. Nous le disons parce qu’entre 1884 à 1990, nous sommes passés d’une supposition à une certitude, notamment grâce à la création, et la première publication du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GEIG). Il ne fait plus aucun doute. La terre ne cesse de se réchauffer. D’où la récurrence des réunions de concertations annuelles, afin de contrer une menace globale, grâce à une synergie d’action amorcée à la convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de Rio de Janeiro en 1992, en prélude à la rencontre de 1995 à Berlin.

Si les pays riches doivent faire davantage d’efforts, notamment en termes de finances et de transfert de technologies, les membres des Nations Unies doivent aussi, selon les contextes qui correspondent à un ensemble de circonstances particulières, faire des efforts à leur niveau, et selon les moyens dont ils disposent, afin de mener une série d’actions bénéfiques tant au niveau local qu’international, car il y a des pays qui dépendent beaucoup plus des efforts entrepris par d’autres. En effet, le caractère considérable des besoins est largement au-dessus des moyens que plusieurs pays sont capables de mobiliser. Comparé aux 27.132 milliards nécessaires pour honorer ses engagements à l’échelle 2035, le Cameroun n’a mobilisé que 117,56 milliards, soit environ 0,4% entre 2015 et 2020. Face aux nécessités énormes, les moyens limités justifient la définition des priorités à court, moyen et long termes, car tout le monde n’est pas en mesure de mobiliser ne serait-ce que la moitié des moyens nécessaires pour faire face aux multiples effets générés par le changement climatique. D’où l’impérieuse nécessité de la réduction de l’émission carbone des plus grandes économies du monde. L’adaptabilité a besoin du respect des engagements fermes des plus grands pollueurs pour être plus efficace. S’il s’agissait uniquement de beaucoup plus s’axer sur l’exploitation des énergies renouvelables comme le vent et le soleil afin de réduire l’émission des gaz à effet de serre, la situation serait moins inquiétante qu’elle l’est actuellement. Mais puisque les plus grands pollueurs de la planète sont ceux qui investissent le plus dans l’exploitation de ces énergies dites propres et durables, en plus d’investir massivement dans la création des datas center ou centres de données qui sont des sources de pollution, il faut dire qu’on est pas prêt de sortir de cette situation critique car au lieu de produire plus et de polluer moins, nous produisons plus et polluons plus, tout en mettant en œuvre des mesures alternatives qui ne sont pas toujours accompagnées d'une réelle volonté de réduire substantiellement à moyen et long terme, l'utilisation des énergies fossiles. De plus, l’énergie électrique consommée par les centres de données produit une chaleur qui justifie la nécessité d’humidifier constamment l’air, afin de prévenir les décharges électrostatiques susceptibles d’endommager les serveurs.  

Le numérique est donc une source de pollution et de réchauffement de la terre parmi tant d’autres comme la forte utilisation des énergies fossiles, qui nécessite des plus grands pollueurs, qu'ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre, afin d’amoindrir l’impact négatif du changement climatique dans le reste du monde. Et puisque c’est un projet qui prendra du temps, et qui dépend surtout de la détermination de chaque pays à sauver une maison commune, chaque pays et notamment ceux en développement, se doivent de trouver entre temps les voies et moyens de s’adapter, face à une situation qui cause énormément de dommages dans le monde. C’est dans cette optique qu’avec le concours de ses multiples partenaires, le Cameroun s'est engagé à mettre en œuvre le projet de restauration de douze millions d'hectares de terres dégradées d'ici 2030, l’opération sahel vert notamment dans plusieurs départements de la Région de l'Extrême-Nord menacées par la désertification, atteindre 25% d'énergie renouvelable dans son mixte énergétique d'ici 2035 grâce à une réelle implémentation du programme de développement de l’énergie renouvelable, et la production et dissémination de l’information climatique via les bilans climatiques et bilans décennaux.

Ce sont des projets qui n’auraient jamais pu être entrepris sans une aide des partenaires extérieurs. En effet, sur les 111, 85 milliard de F CFA mobilisés entre 2015 et 2020 en vue de l’implémentation des accords de Paris au Cameroun, même s’il est notifié que 25,5% des ressources ont été mobilisées à l’échelle internationale, et 74, 5% à l’échelle nationale, il faut toutefois préciser s'agissant notamment des sommes mobilisées à l'échelle nationale, qu'elles inclus des prêts contractés auprès des partenaires bilatéraux. C’est dire que le Cameroun ne peut pas régler ou atteindre ses objectifs à court et moyen terme, sans aide des partenaires internationaux. Ils sont la condition nécessaire pour que l’adaptation du Cameroun face aux changements climatiques soit plus significative. C’est dans cette logique que se situe également le projet d’amélioration, d’anticipation et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles initiée par l’ONG Action Contre la Faim. Cette initiative financée par la commission européenne de l’aide humanitaire et protection civile (ECHO) a permis aux populations de la localité de Mora dans l’Extrême-Nord du Cameroun de réagir face aux risques climatiques et ne pas demeurer des victimes résignées d’un problème mondial. Le renforcement des berges du Mayo Goua Balaré à travers la construction d’une diguette de 1,5 m de hauteur, et 200 mètres de longueur a permit le développement des cultures vivrières en bordure du cours d’eau saisonnier (Mayo), grâce à une ceinture de protection des parcelles aménagées par la communauté, en plus du développement des activités de maraichages en aval du cours d’eaux. Grâce à des initiatives de la sorte, les populations ont le moyen de s’adapter dans des zones où les menaces sont récurrentes.

Mais Puisque les partenaires internationaux ne sont pas capables de combler tous les manques, le Cameroun comme beaucoup d’autres seront toujours très dépendant des financements externes qui ne seront pas toujours à la hauteur des besoins; les pays en développement devront donc toujours trouver eux-mêmes les moyens de faire face aux multiples dangers qui sont une conséquence du réchauffement de la planète. En effet, quand on sait qu’une zone est à risque, il faut déjà mettre tout en œuvre pour qu’il n’y ait plus de pertes en vies humaines car la nature aura toujours raison des habitudes qui ont la peau dure. Il faut donc davantage informer et prévenir pour pouvoir mieux s’adapter et réagir à temps. À défaut d’être en mesure de faire des constructions qui résisteront aux fortes inondations, il faut renforcer davantage les systèmes d’alertes, afin d’informer toujours à temps, les populations des zones à risques, et mettre en œuvre des solutions alternatives, le temps de résorber des situations qui obligent très souvent ceux qui ne veulent pas vivre ailleurs, à repartir à zéro.

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