Libération progressive des espaces marchands non conventionnels au Cameroun : Un défi qui s’impose

mluemsa Par Le 03/07/2025 à 09:39 0

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Éditorial

Une modernisation raisonnée et adaptée au contexte, nécessite qu’en plus de l’action politique qui a pour but de réaliser des meilleurs cadres de vies, les populations elles-mêmes traduisent par une volonté d’adhésion participative, qu’elles sont favorables à la mise en pratique d’une politique d’aménagement, parce qu’elles ne veulent plus vivre ou mener leurs activités dans des environnements qui ne favorisent pas le bien-être social, et une meilleure valorisation de leur activité. Image: GAÏTANO TSAGUE/album-social.com

Le Cameroun c’est le Cameroun ! Un élément de langage utilisé à tout vent, même pour justifier le désordre urbain. Nous aimons bien être admiratif de ce qui est fait ailleurs, et qui fait plaisir à voir tellement la beauté des paysages urbains et ruraux notamment, traduisent une volonté de susciter l’admiration du public; mais quand il s’agit de notre pays où le désordre urbain est causé en partie par les populations elles-mêmes, nous répondons en disant, « Le Cameroun c’est le Cameroun ! » Certains ont même pris pour habitude de dire que si on t’explique ce qui se passe dans ce pays une fois, et tu dis que tu as compris, c’est la preuve que tu n’as rien compris.

Nous sommes en plein dans un contexte géographique où les problèmes d’hygiènes, de salubrité et de désordres urbains, sont justifiés par des langages expressifs qui donnent à penser que le pays a pour vocation de demeurer dans des environnements insalubres, alors que ce n’est pas le cas. Le règlement des problèmes engendrés par le désordre urbain, tout comme ceux liés à l’insalubrité, sont des défis à relever qui concernent tout le monde.

Qu’elles soient en milieu urbain ou rural, toutes les villes sont appelées à évoluer grâce à la mise en pratique constante d’une expertise qui a également besoin de l’adhésion des populations.

Pour traduire concrètement ce changement qui ne peut pas se faire sans la contribution de toutes les couches sociales, certains ont pour habitude de dire qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, ou encore que Rome et Paris ne se sont pas fait en un seul jour. Comme pour dire qu’au fur et à mesure que le temps évolue, un État à travers chacun de ses membres, a le devoir pour ne pas dire l’obligation de donner un visage plus réluisant à un ensemble d’espaces marchands, grâce à un engagement collectif et constant.  

Il ne s’agit pas forcément de chercher à construire des villes qui ressemblent à ce qui fait plaisir à voir ailleurs, mais traduire concrètement par des actes, qu’on a le souci et la capacité de donner une meilleure image aux villes camerounaises, qui se caractérisent notamment par la colonisation des espaces par des points de ventes anarchiques, qui dénotent certes le souci des populations de vaquer à leur occupations pour gagner leur vie dans un Territoire où le secteur informel occupe une place importante, mais qui doit tout de même être réinventé, parce qu’une modernisation raisonnée et adaptée au contexte, nécessite qu’en plus de l’action politique qui a pour but de réaliser des meilleurs cadres de vies, les populations elles-mêmes traduisent par une volonté d’adhésion participative, qu’elles sont favorables à la mise en pratique d’une politique d’aménagement, parce qu’elles ne veulent plus vivre ou mener leurs activités dans des environnements qui ne favorisent pas le bien-être social, et une meilleure valorisation de leur activité. En effet, bien que la réalité de vivre au jour le jour nécessite d’être tous les jours à la recherche d’un pain quotidien, il faut tout de même se poser la question de savoir quelle est ma part de responsabilité dans la résolution des problèmes d’insalubrité dans nos sociétés? Que ce soit à Yaoundé comme à Douala, pour se limiter tout juste à ces deux grandes agglomérations, nombreux sont ces commerçants qui travaillent dans des environnements insalubres, et des espaces qui ne favorisent pas la fluidité de la circulation des eaux, des autos, et des Hommes. Face à ce genre de situations qui correspondent aux réalités quotidiennes des territoires camerounais, on est toujours très pressé d’accuser ceux qui ont la responsabilité de la gestion des villes, sans se demander ce qu’on peut faire soi-même pour remédier à cette situation. En effet, les commerçants peuvent décider de ne plus travailler dans un environnement qui ne les sied pas, et trouver de commun accord avec les autorités qui ont en charge l’aménagement des espaces marchands, les moyens d’avoir des espaces plus attractifs, qui valorisent non seulement leur activité, mais également l’image de leur pays. En effet, le Cameroun a une position stratégique en Afrique centrale qui fait de ce pays aux multiples potentialités, un lieu de convergence des commerçants des pays environnants qui viennent s'y ravitailler en vivres, malgré la réalité de certains marchés qui roupillent dans une insalubrité qui pousse parfois à se demander comment est-il possible de travailler dans des conditions pareilles? On ne peut pas se contenter de produire et vendre des vivres, dans des environnements que nous avons contribué à polluer, et accusé les plus hautes autorités, comme si elles étaient les seules responsables de cette situation déplorable.

Le souci de se procurer des moyens de subsistance a pris le dessus sur celui d’avoir un environnement fluide, devant se caractériser par des espaces marchants fixes, une bonne circulation des véhicules, des personnes, des eaux usées, et un bon stockage des ordures entre autres. C'est cet ensemble de problèmes dont font face les populations au quotidien qui justifient la construction de nouvelles infrastructures certes insuffisantes et pas facilement accessibles financièrement, mais qui sont tout de même des solutions efficaces pour amoindrir les problèmes de désordres urbains. En effet, lutter concrètement contre la pauvreté et le sous-développement c’est construire des infrastructures enviables, et mettre tout en œuvre afin que les marchands et les clients soient dans des environnements sécurisants, dotés des postes de polices, d’infirmeries, et des toilettes entre autres. Ce sont les signes palpables qu’une ville évolue, même s’il faut un plus, que les autorités ne sont pas toujours en mesure de fournir à temps voulu. Mais qu’à cela ne tienne, la construction de nouveaux espaces marchands bien qu’insuffisante, atteste déjà du fait que les autorités compétentes sont animées par le souci de donner aux populations des environnements enviables, car on ne peut pas continuer de travailler dans des environnements détestables, qui donnent parfois à penser que les populations et les commerçants en particulier ont pour obligation de cohabiter indéfiniment avec des environnements nauséabonds. C’est pour prouver le contraire que bien qu’étant insuffisantes, des infrastructures enviables ont été réalisées car l’objectif de la mise en oeuvre de toutes les politiques d’aménagements qui sont en fait toujours des actions politiques, c’est l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations, et relever progressivement les défis imposés par l’insalubrité et le sous-développement qui sont palpables à travers la croissance des activités informelles pratiquées de manières anarchiques, dans des environnements insalubres.  

Le but n’est pas de faire déguerpir juste pour le plaisir de voir une bonne tranche de la population demeurer dans la précarité. Il s’agit de faire déguerpir progressivement, tout en mettant en place des mesures alternatives, pour des populations qui doivent également pensées à contribuer à ce que leurs villes soient belles, au lieu de se contenter de faire de l’argent, jeter des ordures n’importe où, en attendant que ceux qui ont la responsabilité de ramasser viennent faire un travail qui peut être facilité par le simple fait de jeter ce qui doit être jeté dans des espaces convenables. Pour qu’il y ait effectivement changement, la réalisation des infrastructures adéquates doit s’accompagnée de la déconstruction pour ne pas dire la destruction des mauvaises mentalités car les populations ont le devoir de contribuer à ce que leur milieu de vie et de travail soit enviables, tout en insistant sur la mise en œuvre des mesures alternatives plus accessibles financièrement. La réalisation d’un projet d’aménagement répond toujours à un ou plusieurs problèmes concrets, qui dans le cas particulier de l’aménagement des espaces marchands bien structurés, permet une amélioration non négligeable des conditions de travail malgré le fait que les offres sont inférieures aux demandes en plus de n’être pas facilement accessibles par toutes les couches sociales. La réalisation de telles infrastructures ne permettra certes pas de résoudre tous les problèmes, mais annonce tout de même qu’on est en train d’avancer sûremment nous l’espérons, vers une autre ère, où on ne se contentera pas uniquement d’avoir des clients et gagner de l’argent, mais où on prendra les jours de villes propres plus au sérieux, et où on interdira à toutes personnes de jeter des déchets n’importe où sous peine d’amende immédiate, non seulement dans les espaces marchands, mais dans tous les coins et recoins des villes.  

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