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Soins de santé de qualité au Cameroun : Entre pénuries et clochardisation du personnel

mluemsa Par Le 11/04/2023 à 12:07 0

Dans Health

Santé

La ressource humaine allouée aux établissements de santé et notamment dans les coins reculés est insignifiante, voire même inexistante par endroits, pour des raisons sécuritaires, structurelles, personnelles, financières et socio-culturelles qui traduisent notamment la nécessité de produire des efforts supplémentaires en terme d’attractivité, qui ne peuvent produire les fruits escomptés que par une accélération du processus de décentralisation. Image:© comité international de la croix rouge/08-04-2022

Analyse/Même si l’hôpital se moque de la charité, on ne peut pas être un bon professionnel de la santé, si on n’est pas une personne charitable. Chaque véritable vocation se traduit toujours par un souci de donner de son temps pour servir les autres, parce que le métier est une qualification au service d’une population ayant des besoins dont les solutions se trouvent dans un ensemble de domaines d’expertises, dotés d’un personnel dévoué, qui n’hésite pas à faire de longues heures de travail ne coïncidant pas du tout avec des salaires très souvent dérisoires que tout le monde n’est pas toujours prêt à accepter, non pas à cause d’une préférence pour une rétribution pécuniaire qui n’est pas mauvaise en soi, mais plutôt parce que comparé au travail à faire, y compris les sacrifices qu’impliquent l’exercice des professions de médecins, infirmiers-ières, sages-femmes ou maïeuticiens, les salaires ne correspondent pas toujours aux efforts à fournir durant une succession de journées de travail stressantes, au cours desquelles il faut très souvent prendre des décisions très importantes.  

S’il s’agissait donc uniquement de rechercher un gain autre que celui de la satisfaction procurée par le personnel soignant à ceux qui viennent rechercher des solutions à leurs maux dans des établissements de santé, et dont les satisfactions sont elles-mêmes sources de satisfactions pour un personnel dévoué à la tâche, les grèves de professionnels de la santé seraient plus récurrentes au Cameroun car ces moyens légitimes, règlementés, libres et responsables que les employés des secteurs privés et publics peuvent se permettre d’utiliser quand ils veulent, afin de revendiquer leur droits, sont des nécessités impérieuses dans des pays dits démocratiques, où les employés occupent une place de choix, respectée et respectable.

Vu les conditions difficiles dans lesquelles plusieurs professionnels de la santé travaillent au Cameroun, il faut saluer la résilience de ces médecins, infirmiers-mières, et autres sages-femmes qui malgré les conditions de vies et de travail pathétiques, continuent tout de même de travailler, afin de fournir des soins de santé, surtout dans les coins les plus reculés où les pénuries en personnels qualifiés notamment, traduisent la réalité des déserts médicaux qui ne sont pas une exclusivité camerounaise. En effet, contrairement à ceux et celles qui ont le privilège de vivre à proximité des centres de santé qui offrent des services payants, tout comme ces établissements de santé de références qui se retrouvent pour la plupart dans les grandes agglomérations, les populations des milieux ruraux pour leur part, font face au quotidien à une tout autre réalité. Il y en a qui n’ont même pas le privilège de voir un médecin, un infirmier, et encore moins des sages-femmes. Ceux qui ont même le privilège de vivre dans des localités enclavées disposant d’un matériel de premières nécessités, le manque d’attrait des populations locales pour la médecine dite moderne, est très souvent un facteur décourageant qui contribue à accentuer davantage le manque d’attrait d’un ensemble de professionnels qui ne sont pas toujours satisfait à l’idée d’aller offrir leur services dans les coins les plus reculés d’une république qui fait partie d’un monde en constante évolution où la complémentarité entre tradition et modernité, est la condition essentielle d’une qualité de soins appréciables et efficaces, dans des recoins où les besoins énormes justifient l’envoi de certains professionnels de santé qui pour certains, préfèrent ne même pas s’y rendre, en partie à cause du manque d’attractivité de la plupart de ces paysages villageois, ou tout simplement parce qu’ils accordent un intérêt particulier pour les plus grandes agglomérations. C’est la raison pour laquelle il est tout à fait possible d’avoir des infrastructures, et manquer du personnels pour des raisons personnelles et socio-culturelles, car si dans certains pays comme en Europe par exemple où les hôpitaux appartiennent aux communes, des professionnels de la santé qui résident dans des grandes agglomérations sont parfois prêts à aller travailler ailleurs, et notamment dans les milieux ruraux ou en campagne parce que les propositions d’emplois peuvent y être attrayantes, ce n’est pas le cas dans les milieux ruraux en Afrique et au Cameroun en particulier où le processus de décentralisation est encore à une phase embryonnaire, qui justifie le choix des locaux d’aller offrir leur services à l’extérieur, notamment parce que la qualité des rémunérations à l’échelle nationale, sont en quelque sorte une manière de clochardiser les membres d’un des nombreux maillons essentiels d’un développement local pas très souvent reconnu à sa juste valeur, malgré le fait qu’après l’épreuve traumatisante de la pandémie du Covid-19, la plus haute autorité de l’État décida par décret de proroger les années de service des professionnels de ce corps de métier, dans un contexte géographique où contrairement à ce qui est observable ailleurs, nombreux sont ceux qui sont prêts à travailler encore pendant plusieurs années malgré les conditions difficiles, parce qu’ils ont des difficultés à joindre les deux bouts, et parce qu’ils ont très souvent besoin de plus de temps pour préparer leur retraites. C’est la raison pour laquelle si sous d’autres cieux, certains se révoltent quand une très haute autorité veut retarder leurs départs à la retraite, malgré le fait que leurs populations soient plus vieillissantes, d’autres se réjouiront plutôt, malgré le fait que leur populations soient moins vieillissantes, parce que les contextes et les réalités quotidiennes sont largement opposées. Ce qu’un européen pourrait considérer comme une absurdité inacceptable, peut être considérée comme une décision salutaire pour plusieurs professionnels de la santé en Afrique et au Cameroun en particulier où nombreux sont ceux qui ont fait le choix d’aller offrir leur services ailleurs ou à l’extérieur du continent Africain, notamment parce que la qualité des rémunérations au niveau local, s’apparentent carrément à de la clochardisation.  

Face aux besoins énormes en personnels de santé qualifiés en Afrique et ailleurs, nous faisons chaque jour l’expérience de l’importance du nombre de ces professionnels de santé repartis comme partout ailleurs de manières inégales, dans l’ensemble du Territoire camerounais. En effet, si comme partout ailleurs nombreux sont ceux qui ont pour habitude de dire que l’absence ou l’insuffisance de professionnels de sante à tel ou tel endroit se justifie en partie par une pénurie de professionnels de santé, pour les géographes et les géo statisticiens par contre, c’est plutôt la conséquence d’une répartition spatiale inégale des professionnels qui est à la base de ce qui est très souvent qualifié de pénurie, mais qui n’en est pas une en réalité dans la mesure où il y a des professionnels qui ne veulent pas se rendre à certains postes d’affectations à cause du manque d’attractivité et de motivations salariales, couplées à la préférence de nombreux professionnels pour les grandes agglomérations qui tirent la meilleure part de cette inégale répartition des professionnels de santé dans un ensemble de contextes géographiques locaux où face à une pression démographique sans cesse galopante, la ressource humaine allouée aux établissements de santé et notamment dans les coins reculés est insignifiante, voire même inexistantes par endroits, pour des raisons sécuritaires, structurelles, personnelles, financières et socio-culturelles qui traduisent notamment la nécessité de produire des efforts supplémentaires en terme d’attractivité, qui ne peuvent produire les fruits escomptés, que par une accélération du processus de décentralisation.  

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