Analyse/Lorsqu’une journaliste de France télévision lui demanda son sentiment après des années d’incarcération, 6 jours après sa libération, Nelson Rolihlahla Mandela (Juillet 1918 – Décembre 2013) répondit en disant qu’être en prison est quelque chose de grave. Il poursuivit en disant qu’il a perdu 27 années de sa vie, mais qu’en même temps, il a pu s’assoir, réfléchir, et sur ce plan là, il a beaucoup gagné.
L’initiatrice de cette brève interview riche en enseignements, fait savoir au cours d’un documentaire intitulé : Mandela libre à tout prix, réalisé par Mariane Tavannec, que celui dont les années de luttes acharnées ont produit des fruits indéniables après 27 années d’incarcération lui confiât en aparté juste après cette brève entrevue publique que dans la vie, il ne faut jamais lutter contre les Hommes ; il faut lutter contre les systèmes. En effet, même si les systèmes ou les modes de fonctionnement impulsés par un régime sont une émanation de la volonté des Hommes, ce qu’il faut combattre de manière virulente s’il le faut, ce sont les effets déplorables générés par la mise en application des politiques dévalorisantes, handicapantes et oppressantes, qui traduisent une volonté de domination d’une "race" prétendument supérieure à une autre.
La réalité de l’existence des classes sociales traduit clairement le fait qu’il y en a qui avaient le privilège d’avoir plus d’avantages que d’autres personnes, sur la base de la "race", ou plus précisément de la couleur de peau. Les stratifications sociales établies sur la base des considérations erronées, ont réduit les Hommes de couleurs noires, à un degré de sous-humanité que des natifs d’un territoire ne pouvaient pas du tout cautionner. En effet, même si les phénomènes migratoires sont à la base du fait qu’à proprement parler, les autochtones d’aujourd’hui, sont des populations originairement venues d’ailleurs, le fait d’être le premier occupant d’un territoire, a toujours fait des premiers occupants, les véritables propriétaires, indépendamment de la privatisation d’un ensemble de territoires africains qui est une conséquence de la mise en œuvre des politiques expansionnistes et hégémoniques, à la base de la création des zones d’influences, d’intimidations, et d’infantilisations adoptées à Berlin en 1884. En effet, les néerlandais font leur arrivé dans ce qui s’appelle aujourd’hui la république d’Afrique du Sud où ils fondent la colonie du cap en 1652, deux siècles après le passage des portugais. Or, Entre le VIIIème et le XVIème siècle, la migration progressive des populations bantouphones d’Afrique Centrale et Orientale vers le Sud s’opère. Les ethnies Zoulous, Xhosas, Swazis, Ndébélés, Sothos, Tswanas, et Vendas qui peuplent l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, sont les descendants de ces migrants bantous venus du Nord, et qui sont les véritables propriétaires de ces terres, même si sur la base de la "race", et de l’avancée de leur civilisation par rapport à celle des premiers occupants des lieux, les européens viendront prouver le contraire, parce que les puissances impériales avaient le privilège de donner à un territoire une légitimité ou une existence officielle sur la scène internationale.
La colonisation comme partout en Afrique permit à des puissances d’étendre leur souveraineté à une échelle transatlantique qui leur permis de commettre des injustices qui ont énormément fait de mal à un ensemble de peuples, qui ont payé le prix d’une ignorance à la base de la création des échelles de considérations lamentables et dévalorisantes, qui indiquaient clairement que les noirs n’avaient pas les mêmes droits que les blancs.
Mais si au nom de la "race" et de l’avancer de sa civilisation par rapport à celle des autres, une puissance impérialiste jouissait d’un droit de légitimité sur un territoire habité par des "Hommes de moindre considérations", il y a toutefois des actes de trop à la base des mouvements de contestations violents en faveur d’une justice qui accorde les mêmes privilèges à tous les Hommes, et non pas celle où les êtres humains de couleurs blanches, ont des droits supérieurs à leur semblables de couleurs noires.
L’apartheid est une inspiration des doctrines nazies. Depuis la victoire des britanniques sur les Boers (issus de l’immigration hollandaise) en 1902, les non blancs n’avaient plus aucun droit politique dans le pays. L’Union Sud-Africaine nait en 1910, et les premières lois ségrégationnistes sont instaurées à partir de 1911, tout en incitant la création des mouvements de résistances à la base de ce qui deviendra en 1923 L’African Congress Party (ANC). En 1934, le docteur Malan crée un parti politique qui tire sa doctrine de l’idéologie nazie. Cette idéologie fut véhiculée par certains colons Allemands restés pendant l’entre-deux guerres, dans leur ancienne colonie du Sud-Ouest africain (Namibie) qui après la première guerre mondiale est devenue une colonie placée sous mandat de l’Union d’Afrique du Sud.
Devenu chef du gouvernement en 1948, le docteur Malan fait appliquer une série de lois visant à interdire tout métissages entre les populations. C’est ainsi que des lois ségrégationnistes furent conçues et introduites en 1948 en Union d’Afrique du Sud, devenue par après République d'Afrique du Sud en 1961. Les lois étaient également appliquées dans le Sud-Ouest Africain (1959-1979) actuel Namibie, administrée en ce temps-là par l’Afrique du Sud.
Le système privilégiait les blancs aux noirs et indiens (coloureds). La nationalité et le statut social dépendait de la couleur de peau. Les afrikaners étaient des Sud-africains blancs d’origines néerlandaise, française, anglaise ou scandinave, qui s’exprimaient dans une langue dérivée du néerlandais du XVIIème siècle.
C’est après les massacres de Sharpeville en Mars 1960, en contexte de décolonisation, que les critiques internationales contre l’Apartheid commencèrent à se manifester. On note entre autre l’exclusion du Sud-Ouest africain de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du bureau international du travail, et du comité international olympique. De plus, le mandat de l'Union d’Afrique du Sud sur ce territoire lui fut retirée. Mais c’est après l’émeute de Soweto (South Western Townships) en 1976 qu’on note l’embargo sur la vente des armes imposée par le conseil de sécurité des Nations Unies. Les réformes entreprises par le gouvernement de Pieter Botha (Premier ministre de 1974 – 1984) ni changeront rien. L’implication de la communauté internationale dans les affaires internes du pays a lacée la phase de déclin d’une absurdité qui avait déjà trop durée. La pression de la communauté internationale qui est un aboutissement des années de luttes antisystèmes initiées par des sud-Africains noirs, permit entre autre l’autorisation des syndicats mixtes, l’ouverture des lieux publics à toutes les communautés, l’abolition des emplois réservés, la réinstauration des droits des métis et indiens, et l’abolition des lois sur les laissez-passer et les mariages mixtes.
C’est après l’arrivé au pouvoir de Frederick de klerk en Août 1989, et la libération de Nelson Mandela de prison le 11 Février 1990, que les dernières lois piliers de l’apartheid furent abolies. Notamment celles qui obligeaient les populations à vivre dans les lieux d’habitations prédéfinies (le group area acts N° 41), et le population registration Act, qui ordonnait que chaque habitant du pays soit classé en catégorie raciale. Ce sont des lois instaurées en Avril et Juin 1950. Pour avoir mis un terme à l’apartheid et entamée des négociations politiques fructueuses, les deux leaders reçurent le Nobel de la paix en Décembre 1993 à Oslo (Norvège). Le pays amorça dès lors une phase de réconciliation avec lui-même, et avec l’extérieur, dans un Territoire où personne n’est de trop car comme l’a fait savoir celui qui a été président de la république de Mai 1994 à Juin 1998 au cours d’une interview du 17 Novembre 1994 à lui accordée par l’équipe du comédien Pieter-Dirk Uys, plus connu sous le nom d’Evita Bezuidenhout , « we are an organization which believe in a collective leadership. It is the collective effort of all South African and all human being that is important. Not a really an individual. »
C’est ce leadership collectif et inclusif qui a fait de ce pays ce qu’il est aujourd’hui à savoir, non pas seulement une des plus grandes puissances économiques et militaires africaines, mais aussi, un des pays à grand indice démocratique en Afrique. Le 7 Avril 1994, pour la première fois, 20 millions de citoyens d’Afrique du Sud avaient pour la première fois le droit d’aller exprimer leurs voix au cours d’une élection législative. L’heure d’une ère nouvelle était amorcée, et les fruits de longues années de luttes sont davantage palpables dans tous les domaines, indépendamment du fait que chaque Territoire a ses difficultés.
Français|Anglais