Analyse/Si on a coutume de dire que la terre ne ment jamais, sans tenir compte bien évidemment des difficultés inhérentes aux travaux de la terre à savoir la déforestation, l’érosion des sols, et les sempiternelles questions des dérèglements et changements climatiques, c’est parce qu’on a coutume de croire que la vie au village, est plus belle qu’en ville. En effet, les villageois vivent majoritairement de la terre. Ils mangent plus ce qu’ils sèment, contrairement à ceux qui vivent dans les grandes villes. L’agriculture de subsistance extensive et primitive qu’ils pratiquent, leur permet de satisfaire des besoins immédiats, au point où on peut se permettre de dire que s’il est possible de mourir de famine en ville, le risque est moindre ou quasi nul au village, surtout quand les saisons sont bonnes.
C’est à ce niveau de la certitude d’avoir quelque chose à manger et même à vendre que se trouve l’intérêt de retourner aux travaux d’une terre que les africains n’ont jamais abandonné. Demander aux africains de retourner aux travaux de la terre, c’est reconnaitre que les bienfaits de la mondialisation qui bénéficient beaucoup plus aux plus grand exportateurs de céréales, et aux grandes entreprises agroalimentaires, nous ont amené à moins être axé sur une tradition qui a permis à ceux qui nous ont précédé de vivre mieux. La terre qui ne ment jamais est juste un élément de langage qui signifie que pour ne plus mourir de faim, ne pas manquer d’emploi, et manger plus ce qu’on produit, il faut retourner aux travaux de la terre. Et c’est là que se trouve tout l’enjeu de la pratique d’une agriculture industrielle. En effet, Si l’agriculture primitive telle qu’elle a toujours été pratiquée demande un effort quotidien, il est important de mettre tout en œuvre pour améliorer la qualité de méthodes et moyens de travail car ce n’est pas en demeurant dans une pratique primitive de l'agriculture ou en utilisant des outils rudimentaires qu’on arrivera à un développement de meilleure qualité. La tendance à croire que ceux qui ne veulent pas utiliser la houe pour travailler sont des paresseux n’est pas tout à fait juste. En effet, chaque activité a ses difficultés. La particularité des travaux de la terre dans le contexte africain subsaharien notamment, est ceci qu’ils demandent un effort humain particulier, en utilisant des outils rudimentaires, surtout quand on pratique une agriculture de subsistance extensive et primaire. En améliorant davantage la qualité des outils, le travail sera certes moins pénible, mais il le demeurera toujours, car tout travaux demande énormément d’efforts au quotidien.
La pénibilité du travail ne se trouve pas uniquement dans celui de la terre ou en utilisant uniquement la houe. Même celui qui utilise des outils de dernières générations pour l’agriculture, fait l’expérience des difficultés du travail au quotidien, à la seule différence qu’il s’est donné les moyens d’amoindrir son effort humain, par des moyens mécaniques et technologiques innovants, lui permettant de produire plus, mieux, et de se fatiguer moins.
L’Afrique doit se doter de plus de moyens techniques pour produire mieux. L’Homme a besoin d’une assistance technique qui l’accompagne dans son effort, sans toutefois prendre sa place ; et c’est là que se trouve tout l’enjeu de l’utilisation de l’intelligence artificielle en Agriculture. En effet, comme le précise un article publié sur le site internet d’Éducanada intitulé : l’IA et les technologies agricoles : un domaine d’étude en pleine croissance (Mars 2024), «l’agriculture et l’élevage intelligent vont au-delà de la production et de la culture alimentaire.» Il est aujourd’hui possible de gérer des cultures sans se déplacer, parce que l’intelligence artificielle est un assistant technique qui aide l’Homme dans ses efforts quotidiens.
L’agriculture traditionnelle telle qu’elle est pratiquée à davantage besoin d’une assistance technologique. De plus, il n’y a pas que les conditions de travail qui sont difficiles ; il y a également les moyens d’accès aux marchés, et une assistance continuelle en période de sécheresse car l’Afrique mange plus ce qu’elle ne produit pas. Et quand il y a des difficultés d’approvisionnement pour des raisons multiple, il est impossible de s’alimenter convenablement, surtout dans les lieux où guerres et conflits armés font rage.
Le problème du retour massif aux travaux de la terre est trop complexe pour qu’on le limite juste à une intention-pratique qui non seulement ne fournit pas assez de moyens techniques et fonciers, mais qui ne facilite pas non plus l’accès de ces moyens à un très grand nombre. Si tout était mis en œuvre afin que tous les demandeurs d’emplois vivent uniquement de la terre en Afrique, ils n’hésiteraient pas à se lancer corps et âme massivement dans cette activité. Et même si ce n’est pas uniquement l’agriculture telle qu’elle est pratiquée, et au rythme avec lequel elle est pratiquée en Afrique subsaharienne notamment qui règlera tous les problèmes des populations africaines, il faut davantage s’équiper et équiper, afin de produire massivement des produits de meilleure qualité. Il faut davantage se donner les moyens de produire mieux, et se fatiguer moins, car on ne mesure pas la paresse par le nombre d’heures de travail passées au soleil, en utilisant des matériaux rudimentaires. En fait, il n’y a pas d’Hommes paresseux. Il n’y a que des Hommes qui pour des multiples raisons, font le choix de noyer leur talents dans des pratiques à déplorer, qui leur font perdre leur dignité, en plus d’avoir des impacts négatifs dans la vie des autres.
Celui qui sème, récoltera et mangera. C’est comme cela que les choses se sont toujours passé, et se sera encore mieux, si on se dote de davantage de moyens, pour faire une agriculture durable ; c’est-à-dire, mieux respectueuse de l’environnement. Si en comparant les difficultés qu’ont les habitants des villes à se nourrir par rapport à ceux des villages nous pouvons dire qu’il est mieux de vivre au village, il faut dire que c’est en se dotant de davantage de moyens techniques qu’on arrivera à pérenniser une tradition qui a toujours permit aux générations anciennes de vivre mieux. De plus, dans les villages, les liens sociaux sont plus étroits ; la considération qu’on a pour l’autre y est plus poussée, contrairement à ce qui se passe en ville, où les Hommes sont égoïstes, même s’il faut noter que la même réalité est également observable au village. Mais quoiqu’il en soit, le travail de la terre est une tradition qui permet de comprendre le véritable sens du travail. Vivre de la terre, c’est vivre de ce qu’on fait ; s’il y a la terre, et nous ajoutons, une terre de bonne qualité, et des bonnes conditions climatiques, il est impossible de nourrir de faim.
C’est ce qui a permis à de nombreux villageois d’assurer un avenir à leurs enfants, grâce à des travaux de la terre qui se sont perpétués de génération en génération. Vivre de la terre c’est mettre tout en œuvre pour être autonome parce qu’on en a les moyens. Les villageois tout comme les pays d'Afrique subsaharienne en particulier dépendent de la qualité des saisons. En se dotant de davantage de moyens pour optimiser la qualité de notre agriculture, on s’assure une autosuffisance alimentaire qui est un concept vain uniquement pour ceux qui sont dans l’incapacité de se donner les moyens nécessaires. La terre qui ne ment pas, a également besoin d’un ensemble d’accompagnements indispensables pour satisfaire les habitants de tout un Territoire.
Français|Anglais